La méditation pour se calmer le pompon?

L’image qu’on a de quelqu’un qui médite: quelqu’un de parfaitement calme avec les paumes ouvertes, prêt à accueillir ce que la vie lui offre. La réalité est souvent plus cahoteuse. Photo prise à Tokyo par Halina Bukowiecki, 2019

L’image qu’on a de quelqu’un qui médite: quelqu’un de parfaitement calme avec les paumes ouvertes, prêt à accueillir ce que la vie lui offre. La réalité est souvent plus cahoteuse. Photo prise à Tokyo par Halina Bukowiecki, 2019

La méditation ne rend pas nécessairement zen. 

Quand un ami m’a dit que son jeune fils a donné son livre sur le yoga à son frère aîné alors que ce dernier faisait une crise émotionnelle particulièrement intense, et ce dans le but de l’aider à se calmer, j’ai bien ri. Quand une cliente m’a dit récemment qu’elle veut apprendre à méditer pour contrôler ses émotions et que je comprends par son ton intransigeant qu’elle veut en fait éliminer ses émotions, j’étais un peu inquiète.

La méditation ne nous aide pas à contrôler nos émotions. La méditation n’est pas une forme de prozac spirituel. Même si vous méditez pendant 10 000 heures, vous allez probablement péter votre coche de temps en temps : quand on vous coupe dans le trafic, quand quelqu’un laisse le contenant de lait vide dans le frigo ou quand la charrue coince votre voiture dans un banc de neige de 4 pieds juste après que vous l’avez déneigée. Et si l’on vous offre un livre de yoga pendant que vous vivez une crise émotionnelle, le cadeau risque de ne pas avoir l’effet escompté.

La vie va toujours rester la vie. 

Je dirais même plus. Souvent quand je m’assois sur mon coussin de méditation, les émotions désagréables deviennent plus amplifiées. Au début de ma pratique de méditation, j’avais beaucoup d’illusions sur les bienfaits de la méditation. Je m’imaginais qu’au bout de quelques semaines de pratique régulière, j’allais me promener avec un sourire béat comme Mister Magoo marchant sur une poutre dans les airs à travers les chantiers de construction de la vie, à l’abri de mes vilaines émotions et du chaos quotidien. Ha !

Chaque fois que j’essayais de faire le vide de mes pensées, le vide criait plus fort que moi. Alors je me suis tournée vers des formes de méditations qui m’encourageaient plus à être présente qu’à être vide.

Plusieurs années plus tard, je constate que je n’emploie plus la méditation pour fuir ou pour contrôler mes émotions, mais au contraire pour aller à leur rencontre dans un contexte plus accueillant et sécuritaire. Une pratique de méditation peut devenir un contenant bienveillant pour nos crises de bacon d’adulte. Au lieu de vivre mes ouragans émotionnels dans un verre d’eau, au fil des ans, le verre d’eau s’est transformé en bol, en seau, en étang, parfois en lac et j’espère un jour (on me dit que c’est possible) en océan. 

La méditation n’a rien changé à l’apparition des ouragans dans ma vie mais a significativement changé la façon que je les vis et m’aide à mieux les traverser avec un peu moins de dommage collatéral.

Voici quelques trucs qui peuvent vous aider à créer une pratique de méditation avec succès. 

  • Choisissez un bon moment dans votre journée. Tôt le matin fonctionne bien pour plusieurs personnes, mais ce n’est pas un absolu. Moi, je préfère méditer à la fin de la journée.

  • Assurez-vous d’être confortablement installé. Faim, froid, ou mal assis ? Mangez un peu, habillez-vous chaudement et ne vous forcez pas à vous asseoir en lotus. Commencez par méditer dans votre fauteuil préféré. L’important c’est d’avoir une posture qui vous permet de respirer librement. La méditation ne devrait pas être une forme de torture, prenez soin de votre corps.

  • Commencez par un objectif raisonnable. Je recommande 5 minutes/5 fois par semaine. Augmenter progressivement le temps si vous arrivez à maintenir la fréquence. 

  • Soyez bienveillant avec vous-mêmes. Ne vous mettez pas de pression. Le moment sur votre coussin de méditation ou dans votre fauteuil préféré est un moment privilégié avec vous-mêmes. Peu importe votre « succès » méditatif.

  • Attendez-vous à ne pas être tout le temps zen sur votre coussin ou dans votre fauteuil. Écoutez ce qui se passe en vous comme si vous écoutez un ami qui se confie. Même si l’ami rouspète, pleure ou crie, vous pouvez être présent pour lui. Prenez des pauses avec du bon chocolat 70 % au besoin. 

  • Soyez patient avec les résultats. Très patient. 

Vous n’allez peut-être pas trouver la zénitude absolue, mais vous pouvez trouver un meilleur contenant ou au moins une meilleure tuque pour votre pompon. 

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